Les 14 vitraux de Gabriel Loire

Les 14 vitraux et la rosace au-dessus du portail sont l'oeuvre du maître verrier Gabriel LOIRE (1904-1996) de Chartres. Ils ont fait l'objet d'une labellisation "Patrimoine du XXe siècle" par le Ministère de la Culture. Ils ont un thème unique : la Passion du Christ.

 
"Le présent livret indique pour chaque vitrail l'événement représenté avec, le plus souvent, un extrait du texte de l'un des 4 Évangélistes. Pour certains vitraux, des commentaires ont été ajoutés : ils sont le reflet de remarques personnelles et de réactions des visiteurs que j'ai eu le privilège d'accompagner lors des Journées Nationales du Patrimoine, il y a quelques années.
Devant l'oeuvre du Maître verrier Gabriel LOIRE, chacun ressentira des impressions personnelles, qui conduiront peut-être au désir de redécouvrir la Bible.
Toutes les personnes ayant pris part à la réalisation de ce livret vous souhaitent une enrichissante visite. La mise en page a été composée par Gérard EURIAT."


À Dompaire, le 1er juillet 2015.
Ginette CLAUDEL
Cette page a été rédigée d'après le livret original mentionné ci-dessus.

Les vitraux ont été posés et bénis en 1953 pour remplacer ceux détruits au cours de la bataille de la libération de Dompaire en 1944.
Ils expriment la Passion du Christ mais de façon différente des 14 stations du Chemin de Croix.
On en suit les événements à partir de l'autel de Saint Nicolas, en haut à gauche de la nef.
Dans chaque vitrail, un ange tient une horloge qui indique l'heure de l'événement.
Par cette illustration anachronique, Gabriel LOIRE remet la Passion du Christ dans le temps présent.
1er vitrail : la Cène
Évangile selon Saint Matthieu (Chapitre XXVI, versets 26-28)

"Or, tandis qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : «Prenez, mangez, ceci est mon corps». Puis, prenant une coupe, il rendit grâce et la leur donna en disant : «Buvez-en tous car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés» ."
 
C'est le dernier repas de Jésus avec ses disciples, le jeudi précédant la fête de la Pâque. Institution de l'eucharistie.

Nous voyons Jésus qui rompt le pain, puis il bénira le vin : coupes à l'extrémité de la table.

L'importance de ce moment est mise en valeur par la place du Christ dans le vitrail (il est détaché du groupe), par la beauté de son manteau, par le recueillement des disciples.
 
2e vitrail : les Adieux à ses apôtres - le soir du Jeudi Saint
La prière de Jésus. Saint Jean (chapitre XVII, versets 20-21)

"Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé."
 
L'auréole autour de la tête de Jésus est appelée auréole cruciforme.

Dans l'iconographie chrétienne, elle est réservée à Jésus
3e vitrail : l'Agonie du Christ dans le Jardin de Gethsémani, au pied du Mont des Oliviers
Evangile selon Saint Luc (chapitre XXII, versets 39-46)

"Il sortit et se rendit, comme de coutume, au Mont des Oliviers, et les disciples aussi le suivirent. Parvenu en ce lieu, il leur dit «Priez pour ne pas entrer en tentation.»
Puis il s'éloigna d'eux d'environ un jet de pierre et, fléchissant les genoux, il pria en disant «Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse !» Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconforta. […]"
 
Si on suit du regard le contour de l'aile droite de l'ange, à partir de la couronne de Jésus, puis le contour de son aile gauche et les dalles de sa silhouette (à notre droite) jusqu'au sol, on discerne le tracé d'un grand point d'interrogation : Jésus interroge le ciel. Placée sur la ligne qui joint le regard de Jésus et le regard de l'ange, la coupe est le seul élément de couleur vive dans cette scène.

En bas du vitrail, à gauche, le Maître verrier a évoqué les disciples qui se sont endormis.
 
4e vitrail : le Baiser de Judas; l'Arrestation de Jésus
Evangile selon Saint Marc (chapitre XIV, versets 43-52)

"Et […] survient Judas, l'un des Douze, et avec lui une bande armée de glaives et de bâtons, venant de la part des grands prêtres, des scribes et des anciens. Or le traître leur avait donné ce signe convenu : «Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui ; […]»"
 
Judas est représenté debout devant Jésus ; il le tient par le cou.

Remarquez les lanternes et la tonalité du vêtement de Judas.
 
5e vitrail : Jésus chez Caïphe
Évangile selon Saint Marc (chapitre XIV, versets 53-64)
 
Jésus comparait devant le Sanhédrin. Il est 2 heures du matin.

Dans le réseau des gestes accusateurs qui cernent Jésus, suivre le geste de Caïphe : à gauche dans le vitrail, on découvre un balcon. Qui Gabriel LOIRE a-t-il placé dans ce balcon ? …

Du haut de leur balcon, quel regard Hitler et Mussolini portent-ils sur l'innocent que l'on va mettre à mort ?
 
6e vitrail : le Christ outragé
Évangile salon Saint Luc (chapitre XXII, verset 63-65)

"Les hommes qui le gardaient le bafouaient et le battaient ; ils lui voilaient le visage et l'interrogeaient en disant: « fais le prophète ! Qui est-ce qui t'a frappé ? » et ils proféraient contre lui beaucoup d'autres injures."
 
7e vitrail : le Reniement de Pierre
Évangile selon Saint Marc (chapitre XIV, verset 66-72)
"[…] La servante, l'ayant vu, recommença à dire aux assistants : « celui-là en est ! » mais de nouveau il niait. Peu après, à leur tour, les assistants disaient à Pierre : « vraiment tu en es ; et d'ailleurs tu es galiléen ». Mais il se mit à jurer avec force imprécation : « je ne connais pas cet homme dont vous parlez ». Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Et Pierre se ressouvint.
De la parole que Jésus lui avait dite : « avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois ». Et il éclata en sanglots.
Pierre vient de prendre conscience de sa faiblesse face aux événements de la nuit."
 
Le contraste surprend entre le désarroi de Pierre et la tonalité lumineuse de son vêtement, particulièrement sensible dans la lumière du matin. Nous pouvons découvrir ici dans l'oeuvre du maitre verrier Gabriel LOIRE un message de pardon et d'espérance.

La délicate ondulation des lignes verticales de son vêtement suggère que Pierre est en train de marcher : il fuit le coq, symbole de son reniement ; il se tourne vers le regard de Jésus, regard de pardon.
Les nuances dans les couleurs, l'éclat du vert lumineux des dalles – émeraudes géantes ! - produisent un sentiment d'apaisement, d'espérance.
Le pardon n'annule pas le mal commis ni la souffrance qui en résulte mais il considère que le coupable repentant est capable de faire à nouveau le bien.

Pierre est revivifié par le pardon du christ.
(Et nous savons qu'il témoignera jusqu'au martyr à Rome.)
 
8e vitrail : chez Hérode
Evangile salon Saint Luc (chapitre XXIII, versets 6-10)
 
Il est 10 heures du matin, vendredi.

Dans la composition de la scène, Jésus est isolé dans la partie centrale du vitrail. Seules les lances dépassent l'armature inférieure du vitrail. Même Hérode est placé dans la bordure, à gauche.
Les couleurs des costumes accentuent l'impression de dureté, d'hostilité.
Dans cette chapelle repose l'abbé Nicolas Antoine, prêtre réfractaire, victime de la terreur, guillotiné à Mirecourt le dimanche 13 avril 1794, le même jour que l'abbé Claudel, curé de le Ménil-Thillot. Cent ans après sa mort, ses ossements ont été transférés de Mirecourt à Dompaire, où il avait été Curé.
 
9e vitrail : Chez Pilate "Ecce Homo"
Evangile selon Saint Jean (chapitre XIX, versets 1-3)

"Pilate prit alors Jésus et le fit flageller. Les soldats, tressant une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre ; et ils s'avançaient vers lui et disaient ‘'salut, roi des juifs ! ''. Et Ils lui donnaient des coups."

Saint jean (19 ; 5)

«[…] voici l'homme ! » ECCE HOMO
 
Pilate présente Jésus à la foule surexcitée, mais les souffrances infligées au supplicié ne suffisent pas à l'émouvoir et à la calmer.
Poussé par les pharisiens, Pilate condamne Jésus à mort.

Il est midi, vendredi.

En haut à gauche du vitrail, Pilate se lave les mains. Saint Matthieu (27 ; 24)
Nota : dans son ouvrage ‘'Jésus de Nazareth, de l'entrée à Jérusalem à la résurrection'', J. Ratzinger Benoit XVI analyse le procès de Jésus, chapitre 7.
 
10e vitrail : Jésus est chargé de sa croix
Evangile selon Saint Jean (chapitre XIX, verset 17)

"Et il sortit, portant sa croix, et vint au lieu-dit du crâne - ce qui se dit en hébreu Golgotha -"
 
Le pays était sous domination romaine.

La crucifixion était un châtiment romain humiliant réservé aux esclaves.
 
11e vitrail : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix sur le chemin du calvaire
Evangile selon Saint Marc (chapitre XV, verset 21)

"Et ils requièrent, pour porter sa croix, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre
Et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs."
 
A droite, Marie, mère de Jésus (auréole bleue).
 
12e vitrail : Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
Evangile selon Saint Luc (chapitre XXIII, versets 11-31)

"Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : « filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » […]"
 
13e vitrail : Jésus meurt sur le croix
Evangile selon Saint Luc (chapitre XXIII, versets 44-47)
 
Vendredi 15 heures.

Au pied de la croix, on reconnait Marie, le disciple Jean (auréole verte) et Marie-Madeleine, prosternée, et le maître verrier a choisi pour sa chevelure les mêmes couleurs que pour l'irradiante auréole de Jésus.
 
14e vitrail : Jésus est descendu de la croix
Evangile selon Saint Luc (chapitre XXIII, versets 50-56)

"Et voici un homme nommé Joseph, membre du conseil, homme droit et juste. Celui-là n'avait pas donné son assentiment au dessein ni à l'acte des autres. Il était d'Arimathie, ville juive, et il attendait le royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Il le descendit, le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc, ou personne encore n'avait été placé. C'était le jour de la Préparation et le sabbat commençait à poindre. […]"